LES FOSSES CAROLINES CAVANNA

Ceci est un roman. Un roman d´aventures. Il se situe en des temps lointains. C´est donc un roman historique. Ce n´est pas ce que l´amateur averti appellerait un « péplum » ou un « ben-hur ». Ce n´est pas non plus un récit à châteaux forts, tournois, gentes dames et gracieux sires, tout cliquetant d´armures et de ceintures de chasteté. Ça se situe entre les deux. Dans le grand trou noir, oui, c´est ça. Ces temps m´ont toujours fasciné. Les temps du grand chambard. L´obscur et formidable bouillonnement que fut l’Europe –?le Monde d’alors –?depuis l´irruption victorieuse des Barbares dans l´Empire romain jusqu´au verrouillage de la féodalité. Ce qu´à l’école communale on appelait « les Grandes Invasions », et leur suite : « les Royaumes Barbares ». Soit, en Gaule : Mérovingiens, Carolingiens, premiers Capétiens. Six siècles. On passait rapidement sur ces siècles brouillons et crapuleux, sur ces rois assassins, ces Chilpéric, ces Gontramn, ces Frédégonde…, sur ces lamentables « rois fainéants » !… On n´y trouvait guère à louer, par-ci par-là, qu´un Clovis, un Dagobert, un Charlemagne, non qu´ils eussent été moins scélérats que les autres, mais ils avaient su se faire respecter et avaient « agrandi le patrimoine ». Tel était le critère selon lequel l´école de la République jugeait les rois de France : un bon roi gagnait des guerres et fauchait des provinces, un mauvais roi faisait l´inverse. Cavanna